Qui n’a jamais entendu parler du Déluge et de l’Arche de Noé ? Son mythe reste présent si bien que des scientifiques mènent des recherches pour retrouver l’épave du bateau légendaire. Au Kentucky, une impressionnante réplique de l’Arche qui a coûté 100 millions de dollars américains a même été construite. Avec la science actuelle, il n’y a plus rien pour dissuader les plus téméraires d’entreprendre des projets de grande envergure qui auraient jusqu’alors été jugés impossibles.
Les mythes sont une source d’inspiration riche pour la littérature et le cinéma, y compris pour la science-fiction qui emprunte certains éléments pour les adapter dans un contexte futuriste. Dans ma série Amarante, l’Arche a été en partie inspirée de ce mythe millénaire qui demeure d’actualité et qui pourrait peut-être un jour devenir un exploit scientifique qui réussira à préserver l’espèce humaine d’un éventuel (prochain) Déluge.
Les origines du mythe
L’Arche de Noé est intrinsèquement liée au Déluge puisqu’elle en est la réponse : un gigantesque bateau qui peut abriter les heureux élus, animaux inclus, qui ont échappé à l’ire du Créateur dans son désir de reconstruire le monde sur de nouvelles bases. Historiquement, l’Épopée de Gilgamesh, retrouvée sur douze tablettes sacrées datant de 1300 à 1000 avant JC, raconte cet évènement primordial que tout le monde connaît. Or, plusieurs versions de ce fameux désastre existent. Pourquoi ?
Nous ne sommes pas indifférents aux inondations qui nous assaillent périodiquement. La crue des eaux chaque printemps en raison de la fonte des neiges au Canada en est un bon exemple. D’ailleurs, cela devient un problème de plus en plus important à cause des changements climatiques. Dans le passé, ces inondations faisaient aussi partie de la vie des gens qui ont dû trouver des façons de se prémunir de ces désastres naturels.
Par la tradition orale et les différents lieux géographiques qui moulent les façons de penser et de concevoir le monde, le mythe s’est transformé en légendes pour mieux représenter la réalité de ces gens. C’est comme si pour expliquer la crue des eaux chaque printemps, on créait un mythe pour expliquer son origine. Trouver les raisons qui ont mené à un événement naturel est rassurant et donne une impression de contrôle par la connaissance. De nos jours, la science répond parfaitement à ce besoin élémentaire de sécurité.
Le pouvoir d’un mythe
Ce qui rend le Déluge et l’Arche de Noé spécial est le fait qu’ils s’inscrivent dans la Bible, un livre sacré, le pilier d’une religion. Ils surpassent donc le simple mythe puisqu’ils sont considérés comme factuels dans une symbiose avec la foi.
Ce mythe attire même l’attention des milliers de touristes qui vont visiter le mont Ararat, le présumé lieu où l’épave de l’Arche de Noé se trouverait. Dans son entrevue avec Joanna Penn, Rick Antonson rapporte que cette montagne est aussi un symbole sacré de fierté dans la communauté locale turque. Il décrit en de plus amples détails les origines du mythe et les traces qu’il a laissées jusqu’à nos jours. Vous pouvez lire l’entrevue ici.
Quand la fiction devient réalité
Le cinéma est l’un des lieux de prédilection où les mythes ont un second souffle. L’adaptation cinématographique de Darren Aronofsky du film Noé (sortie en 2014) avec Russel Crowe et Emma Watson est un parfait exemple de cela. Le mythe a été réimaginé, enjolivé par les effets spéciaux qui ont contribué grandement à le rendre vivant.
D’autres films intègrent l’Arche de façon plus accessoire comme dans 2012 (sortie en 2009) de Roland Emmerich. Dans ce cas-ci, les catastrophes de 2012 incluent un Déluge moderne qui force l’humanité à se réfugier dans des Arches plus sophistiquées que ce que l’on a l’habitude de voir. Le concept au goût du jour est intéressant, et au moment où je visionnais le film, une question me brûlait les lèvres: Et si ce Déluge durait bien longtemps et que l’humanité devait vivre pour une période prolongée dans une Arche moderne, que se passerait-il ?
Amarante
Dans ma série Amarante, l’Arche abrite les derniers survivants de l’humanité et au moment du récit , plus d’un siècle s’est écoulé depuis le Déluge. Ses habitants ont dû y rester confiner pendant cinq générations et le temps de retourner sur la terre ferme n’est pas encore venu.
Il est difficile de concevoir que des générations entières n’ont jamais connu le monde à l’extérieur des murs d’un bateau titanesque. Ils n’ont que des archives pour s’imaginer ce dont la terre d’antan avait l’air. Pour certains, l’Arche est synonyme de prison et cela les affecte profondément tant sur le plan physique que psychologique.
La réponse à ce confinement forcé est multiple. D’un côté, les conditions ont facilité le développement d’une religion au fil des générations. En son centre se trouve un mystérieux Créateur sans nom qui semble partout et nulle part à la fois et qui régit le cycle de la vie et de la mort. C’est une tentative pour expliquer la catastrophe qui a submergé la terre et un moyen de ne pas sombrer dans la folie de l’inconnu. D’un autre côté, l’espoir devient une monnaie d’échange entre vivre et mourir.
Le roman se focalise sur les effets d’un isolement prolongé et d’une terre hostile. C’est un moment pour trouver refuge, guérir les blessures de l’âme et rêver d’un avenir meilleur.
Vous pouvez lire au sujet de la série Amarante ici.
Un avenir inspiré de mythes
De nouveaux mythes continueront d’alimenter notre imagination dans les générations à venir et à nous donner un nouveau regard sur le monde dans lequel nous vivons. Les livres de science-fiction et de fantasy sont d’ailleurs un merveilleux point de départ pour se laisser aller au jeu.
Pour ceux qui s’intéressent aux mythes et aux voyages, je recommande vivement l’entrevue avec Rick Antonson qui est aussi l’auteur de Full Moon over Noah’s Ark : An Odyssey to Mount Ararat and Beyond (2015).
Connaissez-vous des mythes qui ont été adaptés dans des films et dans des livres que vous avez aimés ? Si oui, partagez-les !
Sur ce, bonne lecture !